Il a été pendant plusieurs années inspecteur général dans ce même ministère, chargé de contrôler les imams.
Quels sont, selon vous, les besoins prioritaires de la « communauté algérienne établie en France » ?
Mohamed Aïssa : Nous voyons les jeunes de la deuxième ou troisième génération d’immigrés revenir vers l’islam, après avoir rejeté leurs racines culturelles et traditionnelles : ils sont comme des « néo¬convertis » et souffrent de ne pas être pris en charge par des imams suffisamment formés.
À mon sens, comme pour Bernard Cazeneuve, que j’ai rencontré, la priorité est de les « sécuriser » intellectuellement pour qu’ils ne cèdent pas aux nouveaux courants islamistes, qui instrumentalisent la religion à des fins politiques.
On ne peut pas concevoir d’importer dans un milieu citadin et français une pratique conçue pour une population bédouine ! Par des journées d’études, des « caravanes culturelles », nous voulons au contraire interpeller les jeunes et les ramener vers cet islam de tolérance et de modération qui fait partie de leur héritage.
Comment comptez-vous faire ?
M. A. : Pour être audible, ce discours ne peut être porté par des politiques, mais seulement par des leaders religieux. Nous ne parlons plus d’ailleurs d’islam « officiel » pour éviter de donner des arguments à ceux qui défendent un islam de « résistance »… Je refuse que le ministère envoie aux imams leur prêche du vendredi. Cela les discrédite.
Nous devons les responsabiliser, leur faire comprendre que leur mission n’est pas de convertir tout le monde mais d’aider leurs fidèles à vivre leur islamité en étant fidèles à leur patrie – et non à la communauté des croyants –, à l’aise dans la société où ils vivent. Ceci ne peut passer que par la formation.
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